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Retour sur "Des espèces qui comptent" avec Jean-Georges Harmelin

Samedi 8 septembre a commencé la 15ème édition de l'opération « Des espèces qui comptent ». Cet événement réunit chaque année des centaines de plongeurs afin de mener un recensement de trois espèces protégées : le mérou, le corb et la grande nacre. Après Marseille, les plongeurs bénévoles mettront le cap sur Cassis (le16 septembre) et la Ciotat (le 29 septembre).

Jean-Georges Harmelin est chercheur honoraire en biologie marine et fait partie du G.E.M (groupement d’étude sur le mérou). Retraité après avoir mené une carrière de chercheur au CNRS à la Station Marine d’Endoume, il participe aujourd’hui bénévolement à « Des espèces qui comptent ».

Pouvez-vous nous présenter l’opération « Des espèces qui comptent » en quelques mots ?

La Fédération française d'études et de sports sous-marins (FFESSM), le Parc national des Calanques, la ville de Marseille et le Groupement d’étude du mérou (GEM), dont je fais partie, sont à l’initiative de cet événement. Il s’agit de recenser trois espèces vulnérables : le mérou, le corb et la grande nacre. Les mérous et les corb sont des poissons beaux et spectaculaires, mais la chasse sous-marine a un impact très fort sur leurs populations parce qu’ils ne se renouvellent pas facilement. Les grandes nacres sont des coquillages sensibles aux ancres des bateaux, qui raclent les fonds et brisent leurs coquilles. Elles ont aussi beaucoup été prélevées à une époque.

Avez-vous constaté une évolution des populations de ces trois espèces depuis les premières éditions de ce recensement ?

Ces trois espèces se sont raréfiées, mais leurs populations augmentent de nouveau grâce à la protection d’espaces marins comme dans le Parc national, et aussi grâce aux mesures de protection qui ont été mises en œuvre. Pour le mérou, il existe un moratoire depuis 1993 qui interdit sa chasse. Pour le corb, il y a aussi un moratoire depuis un peu moins de cinq ans et qui arrive à son terme à la fin de l’année. On espère pouvoir influer sur son renouvellement. 

Grace à ces mesures on observe une reconstitution des stocks et aussi un changement de comportement des poissons : le corb lorsqu’il se sent menacé, ne sort que la nuit pour manger. Maintenant à certains endroits, il est possible de voir des groupes de corbs qui semblent être plus confiants vis-à-vis des plongeurs, tout comme dans le Parc national de Port-Cros qui a lui plus de 55 ans d’existence (N.d.l.r : le Parc national des Calanques existe depuis seulement 6 ans). On voit aussi plus de mérous, notamment plus de jeunes. Cependant la présence de juvéniles est aussi due au réchauffement de la mer Méditerranée : depuis le début des années 90 on constate qu’il se reproduit ici alors que normalement sa zone de reproduction se situe plutôt au sud de la Méditerranée.

Comment procédez-vous pour recenser les espèces ?

Sur chaque site, on procède par notation de rencontre, avec profondeur et taille de l’individu, en faisant attention à ce que les autres membres de la plongée ne l’aient pas aussi vu. Après la plongée on discute pour savoir s’il n’y a pas double comptage.

Photographies de la réunion d'accueil avant l'embarquement à la base nautique du Roucas Blanc