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Pour les Journées du Patrimoine, (re)découvrez le webdocumentaire "Archéologie d'une marge"

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Déambulation visuelle et sonore au milieu des vestiges archéologiques du Parc national, le webdocumentaire « Calanques, archéologie d'une marge » se compose de trois volets qui seront publiés progressivement. Du Castrum Saint-Marcel au Sémaphore du Bec de l’Aigle, en passant par les fortifications de l’île Maïre, le premier volet, publié en juin 2018 et intitulé "Maîtriser le territoire par les marges", relie entre elles les différentes traces du patrimoine militaire du Parc national.

A découvrir ici : http://enmarges.calanques-parcnational.fr/Calanques,%20vestiges%20militaires.html

Rencontre avec Suzel Roche, auteur du webdocumentaire "Calanques, archéologie d'une marge".

Quelle est la genèse de ce webdocumentaire ?

Comme tous les travaux documentaires, la genèse a été longue, disons que je travaille sur ce webdocumentaire depuis deux ans et demi, suite à une rencontre avec l'équipe du Parc national en 2015 sur l'île de Riou, lors d'un tournage pour France 3. Le Parc national n'avait pas encore d'outil de transmission sur son patrimoine historique, et se concentrait surtout sur ses missions de protection de son patrimoine naturel. En tant que réalisatrice indépendante, j'ai la mauvaise habitude de lancer des projets sans attendre la logique de commande (et des financements), et ma proposition de valorisation d'un patrimoine des marges a retenu l'attention.

Le webdocumentaire s’intéresse aux Calanques en tant que marge d’un centre urbain, pourquoi ce choix ?

La transmission autour de l'histoire ou autour de la question de l'archéologie du bâti (l'étude des vestiges encore en élévation) est le plus souvent centrée sur les grands personnages historiques, les grands évènements, le patrimoine monumentale des centres villes muséifiés, les dates et les mots à retenir ... ce qui aboutit souvent à la fabrique d'une sorte de culture disciplinée.... La connaissance historique est essentiellement portée par les institutions et abordent les traces des pouvoirs passés sans beaucoup de recul sur l'objet d'étude.  Il est vrai qu'en archéologie du bâti il est peu question de contre pouvoirs, car de fait, les minoritaires sont nécessairement plus discrets, sauf dans le vandalisme et la réappropriation sauvage. Les marges territoriales, les friches, les zones abandonnées racontent tant sur notre histoire, sur notre inconscient collectif, sur notre capacité à agir ou non en liberté, sur le sens de ce qui nous entoure. je me sens beaucoup plus proche de ces perceptions et de cette forme d'intelligence.

Je souhaitais donc aborder les vestiges du pouvoir militaire en partant de ce point de vue, celui du sauvage et du minoritaire.

Mais dans le cas précis des Calanques, ce choix s'imposait car il s'agit bien du premier parc national périurbain, entre ville et campagne, entre pratiques libres et pratiques raisonnées, entre liberté et contrôle.

Quelles ont été vos inspirations pour concevoir et réaliser ce webdocumentaire ?

Comme journaliste et réalisatrice marseillaise, j'ai beaucoup travaillé sur les quartiers Nord, d'où je viens et qui ne manquent pas de beauté et de puissance. J'ai abordé les Calanques comme je regarde les quartiers Nord. Depuis plusieurs années, dans ces quartiers, de très belles initiatives de transmission culturelle participative ont lieu, autour de la coopérative Hôtel du Nord, notamment; il y a de nouveaux regards sur ces lieux en périphérie, lieux pleins, réels et magiques. C'est au cours du 20ème siècle, surtout ces dernières décennies, que le décalage entre le pôle Nord et le pôle Sud de la périphérie marseillaises s'est creusé. Dans les Calanques aussi, il est question de friches industrielles et de cités d'hébergement d'urgence, de "zones de relégations" comme sera nommé le deuxième parcours du web documentaire.

Par ailleurs, dans le multimédia comme on pourrait aussi le trouver dans un film, il est question de relier plusieurs facettes, plusieurs morceaux disjoints, plusieurs réalités. Ce côté composite aussi m'a beaucoup inspiré pour avancer dans ce travail mosaïque.

Que voulez-vous transmettre au public ?

J'aimerai accompagner un autre regard sur le savoir historique, sur le patrimoine, plus simplement sur les traces de notre passé. Que cette culture ne soit pas extérieure, mais qu'elle puisse parler à n'importe qui, surtout à ceux qui en savent le moins. Ceux qui ont le plus de savoir historique recherchent parfois à confirmer leur savoir et non pas à l'interroger. Il y a toujours matière à réfléchir à partir du moment où on l'on se sent d'arpenter de nouveaux territoires et de nouvelles façons de penser. Sachants ou non, je voudrai apporter un décalage de regard et un regain d'envie de savoir ou de comprendre.