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Des barracudas signalés en nombre dans les eaux du Parc national

Pris dans des filets de pêche ou aperçus en bancs par des palanquées, les signalements de barracudas se sont multipliés au cours des dernières semaines. Un indicateur supplémentaire du changement climatique en Méditerranée. 

Rencontre avec les barracudas

Le barracuda, aussi appelé bécune, est un grand poisson au corps allongé pouvant atteindre 2m de long. Plus précisément, deux espèces différentes peuvent être observées sur nos côtes : Sphyraena sphyraena et Sphyraena viridensis

Le barracuda est une espèce dite « thermophile », c’est-à-dire qu’elle se plaît dans les eaux chaudes. Depuis longtemps, sa présence est donc documentée dans le Sud et le Sud-Est de la Méditerranée. Sa présence dans le Nord et le Nord-Ouest, où sont situées les Calanques et où les eaux sont plus froides, est plus récente.

Cette évolution progressive de l’aire de répartition du barracuda est emblématique de la méridionalisation de la Méditerranée, phénomène par lequel les espèces à affinité d’eau chaude gagnent progressivement du terrain et où des espèces à affinité d’eau froide se replient vers d’autres territoires ou meurent.

Si elles peuvent encore surprendre, les observations qui se sont multipliées au cours des dernières semaines n’ont donc rien d’exceptionnelles. D’autant que le réchauffement de l’eau en Méditerranée tend à s’accélérer. A l’avenir, les barracudas devraient être observés de manière très commune. 

Quelles conséquences sur les écosystèmes ? 

Popularisé dans la chanson de Claude François, l’appétit du barracuda est bien connu ! Carnivore, l’espèce se nourrit d’autres poissons et de céphalopodes. L’arrivée de ce super-prédateur inquiète notamment le monde de la pêche car la pression sur certaines espèces commerciales, comme les loups, pourrait s’accentuer. À ce jour, aucune étude scientifique ne permet cependant de conclure en ce sens. Les effets de la méridionalisation sur la chaîne alimentaire sont souvent plus complexes qu'il n'y paraît. Contrairement aux idées reçues, le barracuda n'est pas un danger pour l'Homme. 

Les connaissances scientifiques sur la présence du barracuda en Méditerranée nord-ouest restent à ce jour assez lacunaires. C’est pourquoi le Parc national a initié depuis 2 ans un suivi pour mieux comprendre les dynamiques. Celui-ci est basé sur un protocole de sciences participatives commun à plusieurs aires protégées méditerranéennes.
 

Participez au suivi du barracuda !

Grâce à l’application mobile Polaris, tout plongeur peut participer à la veille environnementale en mer. Portée par l’association Septentrion Environnement, Polaris bénéficie du soutien du Parc national. Elle permet aux plongeurs de partager leurs observations sur les espèces indicatrices du changement climatique (dont le barracuda) et ainsi contribuer à améliorer l'état des connaissances.