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Les toponymes

Les noms de lieux dans les Calanques

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Détail du plan topographique de la ville de Marseille - 1830 © BNF - Gallica
Une histoire se cache derrière chaque nom de lieu : les « toponymes » comme on les appelle en langue savante. Ils proviennent souvent de pratiques anciennes ou d’un personnage local, et nous racontent les origines provençales, latines et mêmes grecques de l’histoire humaine des Calanques.

 

Baou

Situation : Baou de la Saoupe dans le terroir de Cassis, baou de Sormiou et cité du Baou à La Cayolle, baous Trouca et Rous, sites préhistoriques, baou de Saint-Marcel où se situent des vestiges militaires

Toponymie : Du provençal baus (qui se prononce « baou »), qui désigne un escarpement. Pour l’anecdote, le même mot a donné les Baux de Provence, où a été découvert le premier gisement de bauxite.

 

Baume

Situation : calanque de la Baume au Frioul (coordonnées GPS : 43.274070, 5.301071), les Baumettes, anse de la Baume aux falaises du Devenson, baume Sourne à Callelongue

Toponymie : Le nom de la calanque de la Baume provient certainement de la grotte (baumo en provençal, terme lié étymologiquement au mot baou) située sur la face sud de la calanque. Une baumette est une petite grotte : on en trouvait plusieurs jadis dans l’actuel quartier des Baumettes.

 

Calanque

Situation : l’utilisation du terme est si importante dans le territoire qu’il a donné son nom au Parc national, qui comporte, outre des calanques, des collines, des vallons, des plateaux… Quand on parle des « calanques », c’est souvent pour faire référence à celles de Marseille, de Cassis et de La Ciotat, bien qu’on en trouve aussi nommées sous ce terme sur la Côte Bleue, la Côte d’Azur ou en Corse.

Toponymie : Le mot « calanque » a d’abord comme racine indo-européenne kal, qui veut dire « pierre ». Le mot ligure a donné en latin le terme callum, qui signifie « dureté », apparenté à culmen, qui signifie « sommet ». Il a ensuite servi en Provence à caractériser de nombreux lieux rocheux : de là proviennent les mots « calade » (route empierrée) et « caler » (immobiliser, à l'origine à l'aide d'une pierre). Son usage s’étendant en Méditerranée pour désigner une crique, le vieux mot provençal calo a fini par signifier « petite crique rocheuse ».

D’autre part, le suffixe anca, d'origine également ligure, indique une pente rapide : on le retrouve notamment dans le mot alpin « avalanche ».

On arrive finalement au mot provençal calanco, qui désigne une anse bordée de pentes abruptes.

 

Callelongue

Situation : calanque de Callelongue

Toponymie : Le nom se compose du terme provençal calo, qui, comme dans « calanque », désigne une petite crique rocheuse, ici qualifiée par sa forme allongée.

 

Cap Canaille et falaises Soubeyranes

Situation : le cap Canaille, entre Cassis et La Ciotat

Toponymie : L’origine de « Canaille » est sujette à débat : le mot pourrait provenir du provençal cap Naïo (montagne qui nage, ou qui avance sur la mer). « Cap Canaille » serait donc une tautologie, c’est-à-dire une répétition, ici du mot « cap », comme dans « cap Cavau ». Le terme pourrait être également rapproché du terme aïl qui signifie « sommet » dans la toponymie alpine.

Le nom des falaises Soubeyranes est d’une provenance beaucoup plus claire : le provençal sobeiranas signifie « souveraines » ; ce patronyme est très répandu en Provence (on pense notamment au Papet et à Ugolin dans L’eau des collines de Marcel Pagnol, qui portent le nom de Soubeyran).

 

Cap de Carapègue

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.268535, 5.289570

Toponymie : Si on interprète ce mot à partir des mots provençaux cara/caro signifiant « visage » et pègo signifiant « colle », il s’agirait d’un « visage collé sur le cap ». Quand on navigue le long de la côte, la découpe des roches de ce cap laisse en effet nettement apparaître un visage regardant vers le ciel.

 

Cap Cavau

Situation : la batterie du cap Cavau s’y élève, aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.260580, 5.289380

Toponymie : Le nom de « cap Cavau » est connu depuis au moins 1695. Certaines cartes du début du XIXe siècle mentionnent le nom de « cap de Beau ». Cavau serait une contraction de « cap Vau ». Si vau peut signifier « val » en provençal, comme dans En-Vau, ici il s’agirait plutôt du mot vau ou avau désignant un lieu situé « en bas ». Cette localisation renverrait à sa situation à l’extrémité sud du Frioul tel qu'on la désignerait sur une carte marine. « Cap Cavau » serait donc une tautologie, c’est-à-dire une répétition, ici du mot « cap ».

L’orthographe « Caveaux », fautive, sera généralisée par les militaires pour nommer les batteries qu’ils implantent sur le plateau à la fin du XIXe siècle.

 

Cap de la Cheminée

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.272199, 5.305104

Toponymie : Il ne faut pas chercher sur terre mais sous l’eau l’origine du nom du cap de la Cheminée. Une colonne rocheuse sous-marine verticale est toute proche du cap. Ce récif, affleurant à un mètre soixante-dix de profondeur, est répertorié sous ce nom sur les cartes du service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM) et devait être connu depuis fort longtemps des pêcheurs et autres marins.

 

Cap de Croix

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.286285, 5.323793

Toponymie : Cap le plus proche de Marseille, on peut imaginer que le cap Croix tiendrait son nom d’une une croix présente sur le site avant que les militaires n’y construisent des batteries.

 

Cap de la Luque

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.265861, 5.285905

Toponymie : Le cap de la Luque est connu comme « cano Canallo » sur une carte florentine de 1590 et sous le nom de « Pointe de la Luque » au XIXe siècle. Le nom dérive probablement du verbe provençal aluca, qui signifie « allumer, éclairer, regarder » et qui a donné en français le mot « reluquer ». Ce cap est en effet le meilleur site d’observation sur toute l’ouverture de la baie de Marseille et sur les calanques de la côte ouest de Pomègues.

 

Cap d’Ouriou

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.275865, 5.311950

Toponymie : Le nom de « cap Doriou » est connu depuis 1736 et s’est perpétué jusqu’à nos jours avec des orthographes variables. Le lieu est également connu au XIXe siècle sous le nom « le fortin », à l’évidence en raison de la batterie d’Ouriou construite sur ce cap. Le nom Doriou pourrait provenir de la couleur dorée de ce cap, assez exceptionnelle au Frioul. En effet, la grande falaise, dénudée entre deux zones de maquis, brille d’une couleur dorée au soleil du matin.

 

Crine

Situation : calanque de la Crine aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.267960, 5.292369

Toponymie : L’appellation « calanque de Crine » est très ancienne. Elle apparaît sur presque tous les documents d’archive retrouvés à ce jour. La calanque a très certainement été ainsi baptisée par les marins phocéens, au temps de Massalia, puisque « crine » évoque le mot grec crinos qui signifie « lys ». La côte de cette calanque est en effet riche en lys de mer ou lys des sables, espèce endémique au Frioul.

 

Éoube

Situation : calanque de l’Éoube aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.285639, 5.318157

Toponymie : Indiquée comme Lebes sur une carte florentine de 1590, cette calanque est ensuite dénommée Le Bec en 1705, Lebe en 1736, puis Le Bé en 1764 dans différents documents. À partir de 1825, elle devient définitivement L’Éoube. Cette dénomination est très certainement une dérive phonétique de « Le Bec ». La forme de la calanque évoque effectivement le bec d’un oiseau.

 

Marseilleveyre

Situation : massif de Marseilleveyre au sud de Marseille

Toponymie : Marseilleveyre signifie « voir Marseille », car le massif offre en effet des vues panoramiques sur la cité phocéenne. Jean Giono écrit d’ailleurs : « On traverse alors le massif de calcaire blanc de Marseilleveyre ; d’où, comme son nom l’indique, on voit toute la baie. » Le mot est dérivé du provençal Marsilho Veiro, lui-même issu du bas latin Massilia Veire.

Il existe une autre explication, que nous livrons en hommage à un autre auteur : pour Frédéric Mistral, le nom est dérivé du nom provençal Marsilho Veire, du latin Vetus qui signifie « vieux », en référence à la fontaine de Voire, lieu mythique de la fondation de Marseille.

 

Miou

Situation : le vocable se retrouve dans Port-Miou et Sormiou

Toponymie : En provençal, miou signifie « mieux » ou « meilleur ». Abritée du vent, Port-Miou est très tôt utilisée par les navires comme zone de mouillage. Dès l’Antiquité, elle est désignée sous le terme de Portus melior, c’est-à-dire « le meilleur port ». Les navires romains y font halte, tout comme les galères du Moyen-Âge.

Pour Sormiou, une nappe phréatique est située sous la calanque, alimentant deux puits qui ne se tariront qu’au XXe siècle, justifiant en provençal son nom de « meilleure source ».

 

Morgeret ou Morgiret

Situation : calanque de Morgeret ou Morgiret aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.282307, 5.303268

Toponymie : Ce nom de Morgeret contient une vieille racine pré-romane « mor » qui signifie « hauteur » et que l’on retrouve partout en France pour des sites entourés de hauteurs (calanque de Morgiou, aiguilles de Morges, dans les Hautes-Alpes ou côte de Morgon dans les Alpes-Maritimes…). Il sied parfaitement au site. Il a également été nommé « havre de morgeret ». De nos jours, il est possible de trouver sur certaines cartes une appellation différente : « calanque de Morgiret ».

 

Moure de Can

Situation : calanque de Moure de Can aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.280706, 5.314100

Toponymie : Le nom de « Moure de Can » donné à la calanque et au cap semble introduit par l’ingénieur Garella, chargé de cartographier des travaux de la digue de Berry en 1822. Un temps oublié, cette dénomination est réintroduite par des militaires lors de la construction d’une station d’éclairage de nuit sur le site en 1900. Moure de can signifie en provençal « museau de chien ». C’est probablement la forme du rocher qui est à l’origine de cette appellation imagée.

 

Port Dieudonné

Situation : aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.278625, 5.307833

Toponymie : Le port du Frioul, autrefois nommé port Dieudonné, était un port de quarantaine, aménagé en 1822 grâce à la construction de la digue de Berry. Le nom Dieudonné est attribué en l’honneur du fils posthume du Duc de Berry, héritier du trône de Charles X. Un an plus tard, l’hôpital Caroline est dédié à son épouse. La glorification des Berry est éphémère. Dès la chute de la monarchie, un arrêté impose les dénominations du port du Frioul, digue du Frioul et hôpital de Ratonneau.

 

Saint-Estève

Situation : calanque de Saint-Estève aux îles du Frioul, coordonnées GPS : 43.283446, 5.316532

Toponymie : Équivalent occitan de Saint-Étienne, le nom de « Saint-Estève » trouve probablement son origine au Frioul dans une chapelle construite au Moyen-Âge sur cette île et dont nous avons perdu la trace.