Une « relation » particulière entre l’homme et les plantes envahissantes
La particularité du littoral provençal est d’avoir une végétation adaptée aux conditions climatiques et édaphiques (relatif à la nature du sol) qui se trouve totalement desséchée en période estivale pour survivre.
Les espèces envahissantes, qui présentent pour la plupart des fleurs chatoyantes, ont été introduites par l’homme pour décorer les jardins, offrant ainsi aux paysages une couverture végétale et florale colorée en été. Ces plantes sont devenues de véritables symboles évoquant le côté « exotique » du littoral méditerranéen, que l'on retrouve sur la plupart des dépliants touristiques et des cartes postales. Il y a quinze ans, ces espèces ornaient les cartes de vœux du Parc national de Port-Cros !
Une menace pour les espèces locales
Les espèces envahissantes sont des espèces introduites par l'homme.
A terre, elles résistent aux conditions de vie difficiles du littoral méditerranéen : sécheresse, vent, embruns... Se propageant rapidement, elles sont en compétition avec les plantes locales dites "indigènes".
En mer, elles n'ont que très peu de prédateurs et des modes de reproduction propices à leur extension accélérée.
Après la destruction des milieux naturels, la prolifération d’espèces exotiques est considérée comme l’une des causes majeures de perte de biodiversité dans le monde.
Les principales espèces envahissantes terrestres présentes sur le littoral du Parc national des Calanques
Les Griffes de sorcière
Carpobrotus acinaciformis et C. edulis sont originaires d’Afrique du Sud. Ce sont des plantes grasses rampantes ou pendantes, pouvant atteindre plusieurs mètres de long. Cette espèce forme de vastes "tapis" de feuilles charnues, plus ou moins recourbées au sommet en forme de griffe. Les fleurs, de couleur rose-pourpre, fleurissent d’avril à mai. Les fruits, comestibles, sont appelés " figues des Hottentots ". Ils contiennent de nombreuses petites graines, favorisant une propagation rapide. La propagation s’effectue également via les rhizomes.
L'Agave d'Amérique
Agave americana est originaire du Mexique. Introduite en Europe vers le milieu du XVIe siècle, elle s’est répandue autour de la Méditerranée. Cette plante grasse et vivace possède des feuilles épaisses jusqu'à 2 m de long, de couleur vert bleuté, dures et épineuses sur les bords. Leur extrémité est recourbée vers le bas. La hampe florale peut atteindre jusqu'à 9 mètres de hauteur. La plante ne fleurit qu'une fois, au bout de dix à vingt ans. Après sa floraison, la plante meurt.
La Luzerne arborescente
Medicago arborea est originaire du Moyen-Orient. Cet arbrisseau, pouvant atteindre 4 m, a un feuillage abondant, de couleur vert à reflet argenté, résistant aussi bien au vent qu'à la sécheresse, et s'adaptant au sol calcaire. La floraison de ses fleurs jaunes intervient de mars à septembre.
Le Figuier de Barbarie
Opuntia stricta est originaire d’Amérique centrale. Il a été introduit en Espagne vers 1500, notamment pour l’ornement et la formation de haies défensives. C'est un arbuste vivace constitué de "raquettes" vertes, charnues et parfois épineuses, au bout desquelles fleurissent des fleurs jaunes d'avril à juin. Les fruits sont des baies comestibles, en forme d’œufs.
Concurrence avec les plantes locales et les milieux naturels fragiles
Les espèces envahissantes représentent une menace/une concurrence pour les espèces locales dites "indigènes" qui sont parfois rares et protégées comme l'Astragale de Marseille.
Elles sont même en compétition avec des "habitats d'intérêt communautaire", c'est-à-dire des milieux naturels considérés comme rares et fragiles par l'Europe. Parmi ces milieux menacés, on peut citer : la végétation des fissures des falaises calcaires, les rochers littoraux à Limonium, les garrigues littorales primaires à Romarin, les pelouses littorales à Brachypode rameux, annuelles et bulbeuses, les garrigues et pré-maquis des falaises littorales, les phryganes de la Provence calcaire.
Au rang des menaces qu'elles représentent, les espèces envahissantes participent également à la transformation des paysages typiques pour les visiteurs.
Les solutions pour lutter contre les plantes envahissantes
Les solutions pour lutter contre les plantes envahissantes sont :
- leur éradication : des opérations d'arrachage de ces espèces sont menées par l'Office national des forêts et le Parc national des Calanques, en partenariat avec des associations, comme le Naturoscope ou les Amis de Penchaud au Frioul.
- l'interdiction de planter ces espèces : la réglementation du Parc national des Calanques interdit d'introduire et de planter des espèces envahissantes en coeur de Parc. Ces espèces, au nombre de 16, sont listées dans la charte (MARCoeur 1 relatif à l'introduction d’animaux non domestiques et de végétaux).
- des actions pédagogiques et d’éducation à l’environnement : dans le cadre du projet de programme LIFE (ou en dehors de ce programme), un vaste travail de communication et de pédagogie à destination des scolaires, des habitants, du public marseillais, des touristes et des visiteurs sur la valeur patrimoniale des espèces rares locales est prévu préalablement aux opérations d’éradication des plantes envahissantes, surtout dans les noyaux villageois du Parc national. Ce travail de pédagogie aura notamment vocation à expliquer le cycle écologique de la flore des calanques.
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